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Lettre à un capitaine mort au champ d’honneur

Général Hervé CHARPENTIER - Le Figaro

 
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Lettre à un capitaine mort au champ d’honneur











Général Hervé CHARPENTIER - Le Figaro


 

Le commandant des forces terrestres rend un hommage au Capitaine Gauvin, l’un des soldats tués au combat la semaine dernière en Afghanistan.

 

Mon cher Gauvin,

 

M’est revenu très vite à l’esprit ton visage. Comparable à celui de tant d’autres jeunes lieutenants bien sûr, et pourtant si singulier. Ce visage était doux, illuminé d’un regard bleu clair, ardent, mais que l’on ne pouvait manquer de trouver tendre. Il reflétait une sérénité surprenante pour ton jeune âge, une franchise absolue, et surtout, une immense humilité. Rien d’étonnant à ce que ce fût là le premier trait de ton caractère, tu n’aurais pu le cacher.

Pourtant, major de ta promotion de Saint-Cyr, ce rang t’avait déjà valu l’honneur d’en porter le drapeau et de voir ton nom gravé sur un marbre célèbre, à Coëtquidan. Dans le grand hall de l’amphithéâtre Napoléon, tu y côtoies pour toujours des soldats qui ont fait notre histoire et dont certains furent autrefois connus de tous les Français.

Ton parrain de promotion, lui, se nommait Beaumont. Avant de mourir en Algérie à la tête de sa compagnie, ce jeune capitaine s’était couvert de gloire en Indochine, au 1er régiment de chasseurs parachutistes…le régiment où tu rêvais de servir.

Algérie, Indochine…ces guerres oubliées du siècle passé, dans l’étude desquelles tu t’étais forgé les convictions et l’idéal dont déjà tu rayonnais.

Je te revois arriver à l’école d’infanterie que je commandais, à Montpellier. Nous étions tous fiers d’accueillir « le major de la Beaumont ». Franchissant une à une toutes les épreuves, tu fus très naturellement et modestement le meilleur et pus choisir le glorieux 1er RCP dont tu rêvais. Serrein, et honoré de rejoindre cette belle unité, tu disparus dans un sourire , comme aspiré par l’aventure qui commençait enfin à Pamiers, dans ce quartier baptisé, lui aussi, « capitaine Beaumont ».

En un an, ce régiment fit de toi un « chuteur opérationnel », et te confia ses meilleurs soldats. La section des « commandos parachutistes », dont tu pris le commandement, comptait une trentaine de lascars cumulant une expérience impressionnante.

Sous-officiers confirmés pour la plupart, ils avaient déjà parcouru tous les théâtres d’opérations, vécu deux ou trois missions en Afghanistan.

Eux aussi virent en toi un jeune et tendre lieutenant, presque juvénile. Mais en vieux soldats il ne leur fallut guère de temps pour comprendre que le regard était aussi doux que le caractère inflexible…Tu devins leur chef. Ils te confièrent leur vie car tu connaissais ton métier, avais du cœur et inspirais cette confiance dont on a tant besoin à la guerre. Ils te suivirent, et te firent rapidement comprendre qu’avec eux, la piste était sans fin !

Ce 13 juillet à 11 h 07, l’aventure s’est pourtant arrêtée. Ton élan s’est brisé, soufflé par l’explosion d’un être humain transformé en bombe, si semblable à ceux qui participaient à la réunion dont tu assurais la protection depuis des heures. Elle emporta à tes côtés quatre de tes hommes, Laurent, Jean-Marc, Emmanuel et Sébastien, et en blessa quatre autres, Bruno, Rodolphe, Thierry et David. Après deux mois passés en Kapissa, vous aviez déjà connu pas mal d’épreuves, toutes surmontées avec ténacité… Celle-là était imparable.

Voici quelques semaines j’écrivais dans ces mêmes colonnes, un « plaidoyer pour vos soldats », adressé à nos compatriotes. Une goutte d’eau, dans une mer trop souvent indifférente, pour tenter de dire que nous avons des hommes admirables qui se battent sans bruit dans une nouvelle « guerre cruelle », J’écrivais ces lignes en pensant à toi, et à d’autres, que je croise souvent, en Afrique, en Afghanistan ou ailleurs. Beaucoup sont de vrais héros. Des hommes et des femmes qui risquent, et souvent donnent, leur vie pour d’autres. Je les écrivais parce que j’ai pour toi et pour eux une immense admiration et que je crois utile de la faire partager.

Tu avais 27 ans. Ton prénom était Thomas. J’aimerais tellement que nos concitoyens le retiennent et comprennent qu’à la question lancinante « pourquoi ? », tu n’apportais, comme nous tous, qu’une seule réponse ; SERVIR.

 

 

Général Hervé Charpentier

<<Une goutte d’eau, dans une mer trop souvent indifférente, pour tenter de dire que nous avons des hommes admirables qui se battent sans bruit dans une nouvelle « guerre cruelle ».>>

 

Article paru dans le Figaro du 22 juillet 2011